DIE ZEIT für Unternehmer: Le regard dans l’abîme fait naître l’innovation

Dans l’édition actuelle de ZEIT für Unternehmer, Viacheslav Gromov, fondateur et PDG de la société AITAD GmbH, parle d’une technologie discrète mais puissante qui marque la prochaine étape majeure de la numérisation : l’intelligence artificielle embarquée – c’est-à-dire une IA intégrée directement dans les puces et les cartes capteurs. Pas de détour par le cloud ou les centres de calcul : l’analyse se fait là où les données sont produites.

Pour Gromov, une chose est claire : si l’Allemagne veut redevenir un leader mondial de la technologie, c’est ici que cela se jouera.

Du circuit à l’opportunité

Alors qu’aux États-Unis et en Chine, des milliards sont investis dans des solutions cloud et des plateformes, AITAD mise sur la décentralisation. L’IA embarquée traite les données des capteurs haute résolution directement à leur source – dans les machines, véhicules, installations ou appareils ménagers. Cela réduit la latence, protège les données et rend les systèmes indépendants des réseaux.

« Nous devons arrêter d’envoyer toutes les données dans le cloud », déclare Gromov dans l’interview. « En analysant les données sur place, nous gagnons en rapidité et en souveraineté. »

Une idée qui résonne fortement – non seulement dans l’industrie, mais aussi dans la politique. Car la capacité d’analyser des données sensibles localement n’est plus seulement une question technique, mais stratégique.

L’Allemagne entre prudence et vision

AITAD est une jeune entreprise qui évolue dans un secteur dominé par des géants américains et asiatiques. Pour Gromov, cela représente moins un désavantage qu’une opportunité. L’Allemagne dispose d’une forte culture de l’ingénierie – mais aussi d’une tendance à éviter les risques.

« Trouver les premiers clients a été difficile. J’ai dû supplier, supplier, supplier », raconte-t-il. Beaucoup de PME hésitaient au début à intégrer l’IA dans leurs produits. Mais cette prudence pourrait se transformer en avantage : l’innovation née de la contrainte produit souvent des solutions plus robustes et pragmatiques.

L’IA embarquée s’inscrit parfaitement dans cette mentalité. Elle associe précision et pragmatisme – typiquement allemands, pourrait-on dire.

 L’innovation naît quand le temps manque

L’approche d’AITAD est radicalement simple : les capteurs génèrent d’énormes volumes de données brutes, souvent intransmissibles. Plutôt que de les réduire, l’IA embarquée les analyse intégralement sur la carte électronique. Les machines peuvent ainsi non seulement détecter les erreurs, mais aussi comprendre *pourquoi* elles se produisent.

Cette profondeur d’analyse rend la technologie si précieuse – et la distingue des nombreuses « solutions à la mode » en IA. Gromov cite plusieurs exemples concrets : des machines à laver qui détectent l’usure du moteur par analyse des vibrations, des pompes capables de distinguer différents fluides, ou encore des robots qui adaptent leur force de préhension selon le matériau grâce à un retour haptique issu de l’apprentissage automatique.

Le principe est toujours le même : l’IA embarquée amène l’intelligence là où elle est nécessaire – en temps réel, de manière économe et sûre.

Petites équipes, grand impact

AITAD compte une trentaine de collaborateurs à Offenburg et développe des systèmes complets d’IA embarquée : capteurs, électronique et algorithmes compris. Tout est réalisé en interne. Cela permet des cycles de développement courts et une adaptation précise à chaque cas d’usage.

Dans ZEIT für Unternehmer, Gromov souligne que la différence clé ne réside pas dans la taille, mais dans l’état d’esprit. Les grands groupes investissent des milliards, mais perdent souvent en vitesse. Les PME, elles, peuvent aller plus vite – si elles osent.

« Nous devons apprendre à travailler avec moins de perfection et plus de rapidité », dit-il. « L’innovation naît du mouvement, pas de l’attente. »

L’IA embarquée rencontre la technologie quantique

AITAD s’engage désormais au sein du réseau QuantumBW. Objectif : combiner IA embarquée et capteurs quantiques. Cette nouvelle génération de capteurs peut mesurer des variations magnétiques, thermiques ou mécaniques d’une précision extrême – idéale pour fixer, en combinaison avec l’IA locale, de nouveaux standards en matière de précision et de réactivité.

Pour Gromov, ce n’est pas un projet futuriste, mais une suite logique du travail déjà accompli. « Lorsque le matériel quantique sera prêt pour le marché, il faudra des partenaires capables de traiter les données – et c’est exactement le rôle de l’IA embarquée. »

Le Mittelstand comme moteur

L’interview montre que le leadership technologique ne naît pas forcément dans les laboratoires des grands groupes. L’innovation peut tout aussi bien voir le jour dans les ateliers, là où ingénieurs et développeurs travaillent au plus près du produit.

L’IA embarquée incarne cette approche : concrète, fiable, rapide à mettre en œuvre et indépendante.

Ou, comme le dit Gromov : 

« Le regard dans l’abîme fait naître l’innovation. Quand le temps presse, on se met enfin à créer du vrai nouveau. »

Conclusion :

L’article de ZEIT für Unternehmer illustre l’importance stratégique de l’IA embarquée pour l’avenir technologique de l’Allemagne. Elle unit la force industrielle à l’intelligence numérique – et montre qu’une petite entreprise d’Offenburg peut, elle aussi, inspirer le monde.

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Vous trouverez l’interview originale ici (en allemand)